Il est plus qu’évident que ce rapport insuffisant aurait dû être consultable dans le cadre d’une mise à l’enquête (éventuellement complémentaire), permettant aux usagers des domaines public et privés et habitants du voisinage de vérifier par eux-mêmes, et/ou avec l’assistance de leur propre géologue-conseil, si leurs craintes légitimes quant aux risques d’écroulement ou de chutes de blocs de la falaise de 250 m sont fondées.
Mais dans le cadre d’une enquête (complémentaire) avec des documents suffisamment sérieux pour être conformes aux exigences de sécurité entre autres, le DSE ne saurait se contenter d’une analyse reposant sur des estimations et une inspection visuelle manifestement insuffisante. Une expertise valable de source neutre doit être exigée.
Les avocats-conseils des Carrières d’Arvel SA osent prétendre que nous n’avançons pas le moindre adminicule (commencement de preuve) concernant les risques et dangers. Tout d’abord, ce n’est pas à SOS-Arvel de prouver la véracité des risques, mais bien au contraire, il appartient aux Carrières d’Arvel de prouver que ces risques et dangers n’existent pas et que la stabilité de l’éperon-digue est sans faille.
Même le rapport complaisant de MM Blanc et Guidolin mentionne clairement ces dangers:
en page 3, point 4.1 : “L’analyse des discontinuités […] montre que des risques d’instabilité existent”, “Les principaux risques d’instabilité sont liés au pendage défavorable de la stratification […] et la présence de discontinuités en particulier dans la partie sommitale de la falaise actuelle”, “le pourcentage de bancs marneux et schisteux intercalés (donc fragiles) dans le gisement de roche dure […] est estimé à 15%”, “La présence d’une discontinuité majeure reconnue lors de l’exploitation […]” | |
en page 5 : “Toutefois il n’est pas exclu que des blocs et masses rocheuses se détachent de la partie sommitale de la digue rocheuse en direction de la plaine”. | |
en page 4, point 4.2 : “On notera que sur la partie sommitale de la falaise est actuellement le siège d’instabilités avec le détachement de blocs rocheux principalement liés à la présence de surplombs rocheux. Toutefois ces blocs ont une trajectoire limitée qui ne dépasse pas le tracé actuel de la voie ferrée.” |
Ainsi, les conseils des Carrières d’Arvel SA se contredisent et prouvent eux-mêmes par ce rapport de leur propre cru l’existence de risques et de dangers énormes et indéniables.
D’autre part, on constate que ce rapport n’effleure même pas les questions de sécurité des ouvriers travaillant dans cette baignoire, qui ne serait rien d’autre qu’un piège en cas de chutes de pierres tombant depuis la digue, ou à l’opposé depuis les parois côté montagne. Il est étonnant et inacceptable que la sécurité des travailleurs ne préoccupe pas plus le Département de la Sécurité et de l’Environnement.
en page 1, point 2 : “La connaissance des discontinuités majeures
est rendue difficile par l’importante végétation qui masque
totalement le versant. Leur localisation n’est possible que dans les carrières
existantes […] La stabilité du massif semble être assurée.” |
En conclusion, cette courte contre-analyse de SOS-Arvel montre que le rapport de MM Blanc et Guidolin, certainement compétents, est une étude “de papier”, bâclée, tirée en partie de l’observation de l’écroulement de 1922 par Ph. Choffat. Ce rapport ne repose sur aucune étude spécifique adaptée au projet envisagé de dent creuse. La réalisation d’un tel rapport, largement insuffisant, et basée essentiellement sur des appréciations, est à la portée de tout observateur documenté ayant quelques connaissances en géologie.
Et une telle étude ne résisterait pas à l’épreuve d’une mise à l’enquête publique. C’est la raison évidente qui pousse le Canton et les Carrières d’Arvel à vouloir “faire le forcing” et tenter de faire passer leur nouveau projet sans nouvelle mise à l’enquête.