Article paru dans le Régional, 10.11.2009

http://www.leregional.ch/index.php?id=6&uidarticle=3523

Riviera, Sandra Giampetruzzi

Les Carrières d'Arvel surveillées de près

VILLENEUVE - Les Carrières d’Arvel ne pourront ni prolonger ni étendre leur exploitation. Trois associations y veilleront scrupuleusement.

Le Tribunal cantonal a tranché au mois d’août quant au sort des Carrières d’Arvel. Si l’exploitation actuelle peut continuer, toute prolongation d’exploitation des deux sites au-delà de 2011 pour le Châble du Midi et 2013 pour Planche Boetrix devront obligatoirement passer par une enquête publique. La Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP), Pro Natura et SOS-Arvel ont fait savoir qu’elles feront en sorte que l’arrêté du tribunal soit scrupuleusement appliqué.
Le projet remonte à vingt ans aujourd’hui. Les carrières d’Arvel, entreprise centenaire qui produit plus de 500’000 tonnes de matériaux par an, destinés principalement aux ballasts de chemin de fer, ont mis à l’étude en 1989 un projet d’extension du site. Et depuis, l’affaire fait des allées et venues entre les tribunaux.
Dans une de ses conclusions, l’arrêté reconnaît qu’«il est donc particulièrement grave que pour les prolongations accordées en 2005, dont la durée était en outre supérieure à celle des précédentes prolongations, le département soit allé jusqu’à s’abstenir de toute publication. C’est d’autant plus choquant que ces prolongations ont été délivrées durant la procédure de recours concernant le projet d’extension des carrières d’Arvel».

Satisfaction des deux côtés
«Nous sommes satisfaits de la décision du Tribunal cantonal qui  nous permet de continuer à exploiter les sites jusqu’en 2011 et 2013. Nous allons nous battre pour prolonger l’exploitation et proposer une extension du site. Nous y travaillons actuellement », précise Bertrand Streiff, directeur de la société des Carrières d’Arvel. Les opposants se disent quant à eux «relativement satisfaits de l’analyse du Tribunal cantonal qui nous donne raison sur le fond», selon Charles Willen, vice-président de SOS-Arvel. «Ces conclusions impliquaient un arrêt immédiat de l’exploitation, mais cette conséquence est apparue disproportionnée par le tribunal et je suis d’accord avec ce constat-là. Nous ne sommes pas contre une société, mais contre ses nuisances et son impact visuel», explique Charles Willen.

Le bras de fer va se poursuivre
D’un côté comme de l’autre, chacun est prêt à camper sur ses positions. Pour les opposants, la principale raison est l’aspect touristique de la région: «L’exploitation de ces carrières est une véritable balafre dans le paysage et son extension impliquerait un défrichement d’environ dix terrains de football. En plus, d’un point de vue géologique, une question de sécurité se pose». Pour la société, l’enjeu est aussi économique, car elle emploie 35 personnes sur le site de Villeneuve. «La Confédération s’est donné jusqu’en 2019 pour regarder si d’autres sites pouvaient être exploités. Mais, actuellement en Suisse, il y en a très peu, une dizaine, qui peuvent fournir de la roche dure, qualité dont nous avons besoin. Et si un autre site pouvait être envisagé, il faut aussi penser que le mettre en activité prendrait une dizaine d’années entre les différentes procédures à entreprendre», argumente le directeur des Carrières d’Arvel.