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Riviera, Sandra Giampetruzzi
Les Carrières d'Arvel surveillées de près
VILLENEUVE - Les Carrières d’Arvel ne pourront ni prolonger ni étendre
leur exploitation. Trois associations y veilleront scrupuleusement.
Le Tribunal cantonal a
tranché au mois d’août quant au sort des Carrières d’Arvel. Si
l’exploitation actuelle peut continuer, toute prolongation d’exploitation
des deux sites au-delà de 2011 pour le Châble du Midi et 2013 pour Planche
Boetrix devront obligatoirement passer par une enquête publique. La Fondation
suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP), Pro Natura et
SOS-Arvel ont fait savoir qu’elles feront en sorte que l’arrêté du
tribunal soit scrupuleusement appliqué.
Le projet remonte à vingt ans aujourd’hui. Les carrières d’Arvel,
entreprise centenaire qui produit plus de 500’000 tonnes de matériaux par
an, destinés principalement aux ballasts de chemin de fer, ont mis à l’étude
en 1989 un projet d’extension du site. Et depuis, l’affaire fait des allées
et venues entre les tribunaux.
Dans une de ses conclusions, l’arrêté reconnaît qu’«il est donc
particulièrement grave que pour les prolongations accordées en 2005, dont la
durée était en outre supérieure à celle des précédentes prolongations,
le département soit allé jusqu’à s’abstenir de toute publication.
C’est d’autant plus choquant que ces prolongations ont été délivrées
durant la procédure de recours concernant le projet d’extension des carrières
d’Arvel».
Satisfaction des deux côtés
«Nous sommes satisfaits de la décision du Tribunal cantonal qui nous
permet de continuer à exploiter les sites jusqu’en 2011 et 2013. Nous
allons nous battre pour prolonger l’exploitation et proposer une extension
du site. Nous y travaillons actuellement », précise Bertrand Streiff,
directeur de la société des Carrières d’Arvel. Les opposants se disent
quant à eux «relativement satisfaits de l’analyse du Tribunal cantonal qui
nous donne raison sur le fond», selon Charles Willen, vice-président de SOS-Arvel.
«Ces conclusions impliquaient un arrêt immédiat de l’exploitation, mais
cette conséquence est apparue disproportionnée par le tribunal et je suis
d’accord avec ce constat-là. Nous ne sommes pas contre une société, mais
contre ses nuisances et son impact visuel», explique Charles Willen.
Le bras de fer va se poursuivre
D’un côté comme de l’autre, chacun est prêt à camper sur ses
positions. Pour les opposants, la principale raison est l’aspect touristique
de la région: «L’exploitation de ces carrières est une véritable balafre
dans le paysage et son extension impliquerait un défrichement d’environ dix
terrains de football. En plus, d’un point de vue géologique, une question
de sécurité se pose». Pour la société, l’enjeu est aussi économique,
car elle emploie 35 personnes sur le site de Villeneuve. «La Confédération
s’est donné jusqu’en 2019 pour regarder si d’autres sites pouvaient être
exploités. Mais, actuellement en Suisse, il y en a très peu, une dizaine,
qui peuvent fournir de la roche dure, qualité dont nous avons besoin. Et si
un autre site pouvait être envisagé, il faut aussi penser que le mettre en
activité prendrait une dizaine d’années entre les différentes procédures
à entreprendre», argumente le directeur des Carrières d’Arvel.