Article paru dans 24 Heures, 28.11.2008

SOS Arvel, ou l’inlassable combat contre «la balafre»

VILLENEUVE - Les opposants à l’extension des carrières faisaient le point hier sur leur lutte. Au nom du tourisme, notamment, ils réclament toujours la fermeture du site. Le directeur ne s’en inquiète pas. Le canton pourrait débloquer le dossier d’ici à la fin de l’année.

«Après certaines explosions, il y a tellement de poussière que je n’arrive même plus à voir la façade du Villeneuve Outlet, pourtant située à une cinquantaine de mètres!» Comme ses amis de SOS Arvel, qui tenaient leur assemblée générale annuelle hier soir à Rennaz, Benjamin Bianchin aimerait que la carrière stoppe ses activités. Et ainsi ne plus jamais voir un caillou s’inviter dans sa salle de bains, comme ce fut le cas, jure-t-il, il y a vingt ans. La maison jaune du septuagénaire villeneuvois a été plantée «au pied de la balafre à une époque ou la roche s’extrayait quasiment au marteau et au burin», précise Charles Willen, pilier de SOS Arvel.

Huit ans après la création de l’association, l’inoxydable vice-président martèle toujours avec la même conviction ses arguments en faveur d’une fermeture du site. Loin devant au hit-parade: «La destruction d’un paysage à la base de l’incroyable attrait touristique de la région». Suivent de près «le bruit et les poussières».

«Arvel couvre seulement 10% des besoins en roches dures des CFF. Pourquoi ne pas produire ces quantités ailleurs? Le futur hôpital Riviera-Chablais sera construit tout près…» relève Bénédict Sergent, président de SOS Arvel. «D’autres carrières conviendraient, renchérit Charles Willen. Les trains français et allemands roulent sur des ballasts sans un seul caillou d’Arvel, que je sache!»

Permis en vue?

Selon Bernard Streiff, directeur de Carrières d’Arvel SA, leurs arguments n’ont pas changé. La société villeneuvoise, filiale du géant Colas-Bouygues, emploie 35 personnes. Et voit arriver avec sérénité l’échéance de fin d’exploitation de 2011, malgré la bataille juridique toujours en cours contre SOS Arvel, Pro Natura, le WWF et Helvetia Nostra (lire ci-contre). «D’ici là, on obtiendra peut-être un permis d’extension de la part du canton», lâche même, optimiste, Bernard Streiff.

A l’Etat de Vaud, justement, on ne pipe mot. Mais on assure quand même que «les services concernés planchent sur le dossier» et que «la situation risque de bouger d’ici à la fin de l’année».


Si vous avez raté le début

- 2006 Le Tribunal administratif autorise le projet d’extension des carrières, qui prévoit l’excavation de 6 millions de tonnes de roche sur trente ans et le défrichement de 69 000 m2 de forêt. 2007 - Saisi par Pro Natura, le WWF, Helvetia Nostra et la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du territoire, le Tribunal fédéral annule l’autorisation d’extension, car il n’est pas prouvé que la fourniture de 50 000 tonnes de ballast par an aux CFF prime sur la préservation du site. Les associations exigent la fermeture des carrières et la remise en état de l’endroit, classé depuis 1998 à l’inventaire fédéral des sites d’importance nationale.

FÉVRIER 2008 Un accord de l’Office fédéral de l’environnement autorise l’exploitation des deux sites d’Arvel jusqu’en 2011 et 2013 pour assurer à moyen terme l’approvisionnement en roches dures. Concernant une autorisation ou une interdiction d’extension, la balle est dans le camp du canton et en particulier de Jacqueline de Quattro.

L. GR.