Article paru dans 24 Heures, 2.5.2007

Le Tribunal fédéral a peut-être enterré les Carrières d’Arvel
VILLENEUVE. La Haute Cour a rendu les considérants de son jugement interdisant l’extension des Carrières d’Arvel. La décision pourrait, à terme, signifier la fin de l’exploitation à ciel ouvert du site. 


Trois semaines après avoir rendu son verdict, le Tribunal fédéral (TF) a publié les considérants qui l’ont mené à casser la décision du Tribunal administratif, et à interdire l’extension de l’exploitation des carrières d’Arvel. Pour la plus haute instance judiciaire du pays, le site des Monts d’Arvel, classé à l’Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d’importance nationale (IFP), ne saurait être exploité davantage qu’en vertu d’un intérêt national «équivalent ou supérieur» à sa protection. Or, la fourniture annuelle de 50'000 tonnes de ballast aux CFF, principal argument invoqué par les exploitants, ne remplit pas ces conditions, car des solutions de rechange existent ailleurs dans le pays. 

Etat mis en cause 

Du côté des Carrières d’Arvel SA, on accuse nettement le coup. «On est un peu sous le choc, admet Bernard Streiff, président de la société. Nous sommes en pleine réflexion avec nos avocats, mais à l’heure actuelle, nous ne savons pas encore comment nous allons réagir. C’est vraiment une situation difficile pour notre personnel.» 

Si, pour la partie adverse, la situation représente un juste retour de bâton, ses critiques s’adressent davantage au canton de Vaud qu’à la société d’exploitation. «Tout cela est la conséquence des dysfonctionnements chroniques et généralisés des services de l’Etat, notamment en matière d’études d’impact, s’insurge Robert Haas, secrétaire de l’association SOS-Arvel. Et ce n’est pas seulement le cas pour Villeneuve, mais pour tout le canton. Sur trois ans, 4 ou 5 projets ont fini devant les tribunaux, et le canton a toujours perdu.» 

Pour la coalition formée de SOS Arvel, Pro Natura, du WWF, d’Helvetia Nostra et de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (SL-FP), le but est désormais clair: obtenir la fin de l’exploitation à ciel ouvert du site d’Arvel. «Le tourisme est la première ressource de la région, commente Robert Haas. Il n’est plus concevable de saccager un tel paysage!»
Seule solution acceptable aux yeux des opposants: une exploitation en galeries souterraines, telle qu’elle est pratiquée à Sargans. Une solution «irréaliste» selon Bernard Streiff. Ce sera aux experts de trancher. 

Table ronde nationale

Les associations souhaitent en outre la mise sur pied d’une table ronde, afin de gérer les ressources en roche dure, indispensables au ballast, au niveau fédéral. Douze carrières en produisent dans le pays, la plus proche de Villeneuve étant située à Choëx. Une mesure également préconisée par le TF. 

Les opposants aux carrières donneront une conférence de presse le 11 mai prochain, afin de dévoiler leurs intentions.

Marc Ismail