courrier des lecteurs du 21.12.2001

A propos de la dent creuse

Les documents mis en consultation durant 30 jours, à partir du 30 novembre 2001, au bureau des travaux de la commune de Villeneuve, montrent de manière très sommaire et lacunaire ce que sera cette nouvelle méthode d'extraction dite de la dent creuse: à savoir la taille progressive, par minages à l'explosif, d'une immense baignoire, juste derrière la falaise laissée par l'écroulement monstrueux de 1,5 million de tonnes en 1922.

Cette cavité mesurera 400 m de long, 220 m de large et 160 m de profond à la fin de l'exploitation. Ce trou géant, presque aussi grand que le bourg de Villeneuve, a été autorisé par le canton sans mise à l'enquête publique ! Les ouvriers qui travailleront dans ce trou seront non seulement exposés à la poussière qui y stagnera, mais aussi aux chutes de pierres, et surtout à des risques d'écroulement partiel de l'éperon-écran dont les bancs de roches sont fortement inclinés vers l'intérieur de la dent creuse. Et ceux qui ont travaillé aux Carrières d'Arvel savent que des failles importantes et des couches de roches friables traversent cet écran-paravent masquant la "baignoire". En cas de danger subit, quelle possibilité d'évacuation rapide ? A-t-on prévu des protections sérieuses et efficaces ? Aucune réponse à ces questions essentielles et de bon sens sur les plans et documents mis en consultation ! Lors de grosses chutes de pierres ou d'accident géologique, les malheureux seront "faits comme des rats", pris au piège de la dent creuse.

On constate que les questions de sécurité, tant pour les travailleurs que pour les voisins et le domaine public, sont complètement ignorées par les nombreux spécialistes complaisants qui ont approuvé cette nouvelle solution d'extraction. On pourrait croire que cette omission est voulue ... A notre avis, c'est grave, même très grave.

Alors qu'en pensent les syndicats, la SUVA et la Municipalité de Villeneuve, qui est aussi concernée par la sécurité des chantiers sur son territoire ? Le Département de la sécurité et de l'environnement n'en pense rien, apparemment, puisqu'il ignore ces questions dans les documents mis en consultation. La vie des travailleurs semble ne pas peser lourd par rapport aux millions de tonnes de roches d'Arvel !  La sécurité aurait-elle été traitée en cachette, à l'abri des question pertinentes des personnes concernées ? Que ce soit par incompétence ou par négligence, c'est scandaleux M. Mermoud, parce qu'en consultant le dossier de la dent creuse, on a la conviction que le DSE s'identifie à l'exploitant, démontrant ainsi des relations privilégiées.

Charles Willen, Président de SOS-Arvel, Villeneuve.